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Shew In The Place To Be Around The World!
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27 juillet 2009

Return of the Shew - travail....

Salut les lapins crétins et les lapinous fous !

Je sais que ça fait extrêmement longtemps que je n’ai pas réalimenté mon blog. SHAME ON ME ! Mais c’est promis, cette semaine, je rattrape mon retard et me remets à jour ! Au programme, les récits de mon tourisme avec mon père, mon escapade à New York et Washington DC, mis à jour sur mon travail sur place, mon expérience en tant que conférencière-bloggeuse, mes futures escapades en Colombie et aussi et surtout quelques articles sur des sujets plus sérieux tels les déplacés internes et le nettoyage social. On attache donc sa ceinture…et c’est parti !

Depuis mon déménagement et la signature de mon contrat, il s’est passé pas mal de chose. Je continue de travailler pour la corporation Agora avec Myriam et je vais donc les samedis matins à Ciudad Bolívar et Usme pour travailler avec des enfants et des jeunes, entre 5 et 18 ans. Un jour trois des jeunes demandent à pouvoir rapper devant nous. Et là je suis littéralement restée sur le cul, comme on dit en bon français en les écoutant. Ils ont 11 et 12 ans et leur rap est déjà extrêmement politisé : ils parlent de la police qui ne fait, de la corruption qui permet d’acheter jusqu’à la cours suprême, de la FARC, etc. Je les ai fait enregistrer leur chanson sur une instrumental de DJ Premier et j’ai envoyé cette « maquette » à des amis à moi et les deux ont accepté de leur faire une ou deux instrumentales afin qu’ils puissent enregistrer leur chanson et la faire reconnaître. Voici donc la vidéo faites de bric et de broc (mais néanmoins disponible sur dailymotion ET youtube) de la chanson de Talento Felino.

Talento Felino - La Violencia

Après quelques temps, ils m’ont expliqué qu’ils avaient une autre chanson qui était romantique. Je me suis alors dit : chouette, un thème un peu plus joyeux ! Hum…comment dire ? La chanson parle d’une jolie fille – d’où le titre Niña Linda – qui vit avec sa grand-mère parce que son père, sa mère et son frère ont été tués… Et oui c’est bien joyeux tout ça ! Ici, j’avais pas de piste pour la leur faire enregistrer alors c’est la version a cappella.

http://www.dailymotion.com/relevance/search/talento+felino/video/x9zhf5_talento-felino-nina-linda_music?hmz=707265766e657874

L’un d’entre eux, Brayan, est fils de déplacés politiques. Son père a été assassiné avant sa naissance car il avait refusé de rejoindre la FARC avec ses frères et/ou cousins. La mère a dû donc fuir pour éviter que son fils aîné – le frère de Brayan – ne se fasse tuer aussi. A l’heure actuelle, ils ne peuvent pas retourner dans la région de Colombie de laquelle ils viennent (dans la campagne) car sinon, ses deux fils aînés risqueraient de se faire assassiner. Et cela n’est qu’un exemple parmi tant d’autres illustrant la violence du conflit armé interne.

Mis à part ça, mon premier mois de travail a été plutôt tranquille et a été consacré, pour la plupart, à l’élaboration d’une étude comparative sur les gangs états-uniens, les maras guatémaltèques et les pandillas colombiennes. En parallèle, j’ai commencé à accompagner divers groupes qui travaillent avec les jeunes. J’ai commencé avec le groupe Normas de Convivencia qui travaille dans les écoles pour promouvoir les règles de cohabitation et sensibiliser les jeunes. Je suis vite devenue le centre d’attention, à chaque fois on me demande de parler dans ma langue, comment est mon pays, si je suis mariée et plein d’autres questions. Un jour, après que je me sois présentée, alors que toute la classe était en train de chanter, une petite fille, d’environ 7 ans s’est levée et est venue me demander s’il y avait aussi une guerre en Suisse. Je dois admettre que ça m’a laissé sans voix. Entre cet épisode et celui des mes rappeurs de Talento Felino, on ne peut que se rendre compte du fossé énorme entre les enfants et les jeunes d’ici et de ceux de chez nous. Il y a une certaine maturité et la sensation qu’ils sont forcés de grandir trop vite. Cela s’applique surtout aux jeunes de quartiers défavorisés qui sont très vite confronté à la violence et vivent dans des conditions qui les forcent à mûrir plus (trop) vite. Ainsi, Brayan dès l’âge de 7 ans, s’occupaient de ses deux petits frères qui étaient encore des bébés, pendant que sa mère travaillaient – et que le père avait déserté la maison. En effet, alors que son frère aîné, Jorge, allait à l’école le matin, Brayan préparait le petit-déjeuner, lavait et habillaient ses deux petits frères, Ricardo qui avait un an et Juan-David qui n’avait que quelques mois. Ensuite, il préparait le dîner. Dès que Jorge arrivait, Brayan partait pour aller à l’école pendant que l’aîné se chargeait de prendre le relai jusqu’au retour de la mère le soir.

Un autre jour où j’accompagnais le groupe de « normes de cohabitation », nous avons pu observer l’impact de la violence des gangs dans certains quartiers. En effet, en arrivant au collège dans lequel nous avions prévu de leur montrer un film la classe n’était pas là. Ce qui se passe là-bas, c’est que le collège est en travaux d’agrandissement. Ainsi, seule une petite partie des étudiants reste dans le bâtiment principal alors que les autres doivent se rendre plus loin dans des locaux temporaires. Le problème est que le siège principal se situe dans la zone qui est contrôlée par le gang de Pocholos alors que l’un des locaux temporaires est dans la zone des Tablados. Cela avait déjà provoqué des tensions au début de l’année scolaire en septembre dernier mais la situation s’était vite calmée. Toujours est-il qu’un certain nombre de parents avait retirés leurs enfants de cette école. Or, début juin, un Pocholo et un Tablado, tous deux d’une trentaine d’années ont été libérés de prison. Les violences ont repris de plus belle avec un jeune de 14 ans tué d’une balle dans la tête. Dès lors, le local temporaire de l’école a reçu des menaces : professeurs et étudiants étaient menacés de morts. Il a donc fallu réaménager les horaires dans le siège principal pour pouvoir y accueillir ces étudiants. Certains suivent donc les cours de 6h à 9h alors que les autres se rendent à l’école de 9h à 12h. Le pire est que dans ce cas, il s’agit d’enfants de primaires, qui ne font même pas partie de l’un de ces gangs. Seulement ils viennent d’une zone qui « appartient » au gang ennemi. Et le simple fait d’être le frère, la sœur, la cousine par exemple d’un Tablado o un Pocholo suffit pour mettre sa vie en danger. Cela devient tout simplement absurde.

Maintenant que j’ai terminé mon rapport sur les gangs, je vais accompagner de nouveau de temps en temps le groupe « normes de cohabitation » pour parler un peu des gangs, maras et pandillas. Sinon, j’ai été intégrée maintenant à part entière dans le groupe « jeunes en risque et pandillas ». Je fais plus de terrain maintenant et il m’a été confié un nouveau travail qui, je dois l’admettre, m’enchante : je dois écrire un rapport sur la manière dont le hip hop pourrait être inclus dans des politiques publiques destinées aux jeunes en risque et membres de gangs. Je vais aussi devoir formuler des recommandations de politiques publiques. Je suis vraiment contente parce que c’est un sujet qui m’intéresse énormément, je suis indépendante, je travaille plus ou moins comme je veux, j’ai été mise en relation avec deux organisations juvéniles actives dans ce domaine et maintenant c’est à moi de gérer pour prouver que le hip hop n’est pas une activité criminelle – ce qui est une idée largement répandue en Colombie – et qu’il a des capacités mobilisatrices intéressantes ! Donc, au boulot pour le hip hop maintenant !

Sinon, j’ai aussi participé comme conférencière à une Campus Party ici à Bogotá. En effet, j’avais été mise en relation par Renata avec une amie à elle qui participe à l’organisation de cette grande fête. Cela dure une semaine, se déroule dans un équivalent du palais de Beaulieu (pour les Lausannois) et il y a pleins de gamers mais aussi des activités liées aux nouvelles technologies. Il y a donc plusieurs conférences qui ont été avec des blogueurs internationaux et j’ai participé. J’ai donc parlé de mon blog, oui oui celui-ci, le Shew In The Place To Be Around The World – c’est dans ces moments-là qu’on regrette d’avoir donné un nom débile à son blog – et j’ai aussi parlé du Mittwoch Nachmittag, le blog qu’on a en commun toute l’équipe du gymnase ! Alors autant vous dire que c’était la panique parce que j’ai été tellement débordée par mes différents rapports à rendre pour le boulot que je m’y suis prise à la dernière minute – le matin même de la conférence – et c’était juste le jour avant que je parte à New York, donc encore plus le stress ! Mais je m’en suis apparemment bien tirée. J’ai expliqué comment j’essayais de profiter du blog pour parler de trucs un peu plus sérieux des fois, pas seulement écrire des niaiseries et ça m’a permis d’ouvrir la discussion sur la manière dont les blogs  peuvent servir à véhiculer des informations qui seraient censurées dans les médias ou qui tous simplement ne sont pas connues d’autres personnes, dans d’autres pays. Je crois que je ne m’en suis pas trop mal sorties parce que mon public ne s’est pas barré avant la fin et il m’a posé plein de questions donc j’étais plutôt contente. Une fois la conférence terminée, j’ai volé jusqu’à chez moi, pour faire enfin ma valise, terminer les dernières corrections d’un rapport. J’ai dormi 45 minutes, avant de partir à 3h30 du matin pour l’aéroport. J’ai bien dormi dans l’avion, je peux vous assurer ! Mais bon, New York c’est déjà un autre épisode…

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